Construire la station du futur
Avec des quantités de neige en baisse de 30 % depuis 30 ans et un nouveau recul de 40 % à 60 % annoncé d’ici à 2040, le tourisme hivernal est-il condamné dans les Vosges ? Oui, si l’on mise tout sur la neige. Non, si les professionnels du secteur repensent totalement leur offre, en jouant à plein la carte du tourisme quatre saisons. Cette question centrale, les collectivités locales et des acteurs privés s’en sont déjà emparé, non pas poussés par les réalités du changement climatique, mais aussi par l’évolution notable des modes de consommation. Aujourd’hui, aussi étonnant que cela puisse paraître, la majorité des clients qui fréquentent les stations de sports d’hiver ne skie pas. Et ceux qui pratiquent ce sport passent de moins en moins de temps sur les pistes. Il a donc déjà fallu s’adapter, créer d’autres activités pour occuper ces vacanciers durant leur séjour. C’est ce chantier que les acteurs du tourisme vont devoir accélérer, mais cette fois pour pallier à la raréfaction de la neige.
L’enjeu est de taille. Il s’agit de dessiner la station du futur, un lieu qui promet d’être ultra animé, ludique, où le ski sera un divertissement parmi d’autres. Il va falloir innover, diversifier judicieusement l’offre de loisirs et attirer en même temps une autre clientèle en quête de calme et d’authenticité. Cette transformation nécessaire, toutes les stations n’auront pas la force, ni les moyens, de l’affronter. Ne nous voilons pas la face. Certaines stations vont disparaître. C’est inévitable. Dans le massif des Vosges, comme dans les autres massifs français, le sujet est encore un peu tabou et la tentation est grande de repousser à demain ce chantier crucial pour l’avenir. Ce serait une erreur. Il est impératif que l’État, les collectivités locales et les professionnels du secteur s’emparent du sujet dès maintenant et définissent ensemble la meilleure stratégie à adopter pour accompagner ce changement.